Sciences

ADN : deux nouvelles lettres pour compléter l’alphabet biologique

Alors que le code de la vie transmis par l’ADN se résumait à quatre fameuses lettres, ATCG, deux nouvelles lettres viennent désormais s’y ajouter grâce aux travaux d’une équipe américaine.

Pour comprendre les travaux de l’équipe dirigée par Floyd Romesberg, il faut tout d’abord se rappeler que le code de la vie se transmet par l’ADN depuis des milliards d’années, et que ce code se résume en quatre lettres, quatre bases azotées, les fameuses ATCG. Dans les barreaux de la double hélice de l’ADN, l’alphabet biologique fonctionne par paires, les bases complémentaires AT (adénine-thymine) et CG (cytosine-guanine). C’est la suite des lettres, par exemple AATTCGTAGC, qui constitue les gènes.

Mis en ligne par la revue Nature, les travaux de l’équipe de Floyd Romesberg bouleversent cet alphabet fondamental en y ajoutant deux nouvelles lettres. Alors que cette performance a longtemps été considérée comme irréalisable, l’équipe est parvenue à faire répliquer une nouvelle paire de base nucléique au sein de plusieurs générations de bactéries.

Concrètement, ils sont parvenus à intégrer une nouvelle paire de base nucléique dans le génome d’une bactérie et à la faire répliquer. Le succès est tel que cette paire de base non naturelle se retrouvait dans 99,4 % des descendants de la bactérie.

Pour parvenir à cette prouesse, la première étape a consisté à modifier la bactérie E. coli pour qu’elle incorpore dans son enveloppe externe des protéines de transfert, des éléments greffés à partir d’une algue.

Alors que le principal défi était que la mécanique génétique ne s’enraye pas, l’utilisation d’une polymérase particulière placée dans une région du plasmide sensible à son effet a permis de faire accepter les lettres intruses par la mécanique génétique.

Si les nouvelles lettres ont bien été conservées par les générations de plasmide, il ne s’agit pour le moment que d’une tolérance, et pas encore une adoption définitive. Pour parvenir à cela, il faudrait faire en sorte que ce processus puisse se poursuivre en milieu in vivo.

Si ces travaux n’ont à priori pas de débouchés commerciaux, leur enjeu essentiel est d’avoir démontré que cette manipulation génétique était possible.

De fait, c’est une nouvelle biologie qui est en train d’apparaitre, une science qui risque bien évidemment de créer des critiques, au sens éthique et sécuritaire, de la xénobiologie, cette discipline qui vise à mettre au point des formes de vie étrangères à celles existant sur Terre.

Et maintenant, que va-t-il se passer ? Cette équipe, et bien d’autres dans le monde vont simplement continuer leurs recherches dans le but d’améliorer encore leurs techniques, ou d’en découvrir d’autres, à moins que les opposants à la xénobiologie viennent mettre leur grain de sel dans ces découvertes en empêchant ce genre de recherches.

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2 commentaires

  1. C’est un peu comme rajouter une 27e lettre à l’alphabet ! Est-ce que pour autant les nouveaux mots possibles auront un sens sachant que ce n’est pas l’homme qui décide du sens, mais la Nature et ceci depuis des temps immémoriaux ?

    1. Je partage votre idée, mais l’alphabet est déjà invention humaine. L’inquiétant c’est que le moteur de tout cela est pulsionnel, donc échappe à la raison et sert le pouvoir de l’homme frustré de n’être pas DIEU c’est à dire immortel, donc tout puissant. Je dis DIEU mais je pourrai dire la nature. Quand l’homme veux se confondre avec la nature il invente le tissus de camouflage; sorte de cri en amont du langage qui clame : il n’y a rien ,alors qu’armé il occupe le terrain.

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