Ces troubles physiques qui guettent les accros au smartphone toute la journée

Hicham EL ALAOUI
Rédigé par Hicham EL ALAOUI
Trois jeunes adultes regardent leur smartphone en pleine rue, affichant des signes de douleurs physiques liées à un usage excessif.
L’illustration met en scène les effets corporels de l’addiction au smartphone, entre tension musculaire, fatigue visuelle et douleur au poignet.

Utiliser son téléphone pendant des heures, le garder à portée de main jour et nuit, ne plus pouvoir s’en passer… Ce comportement désormais banal n’est pas sans conséquences sur le corps et l’esprit. L’Organisation mondiale de la santé alerte sur quatre effets concrets, souvent méconnus, mais évitables.

Difficile d’y échapper, le smartphone accompagne chaque instant de nos journées, du réveil jusqu’au moment où l’on s’endort, parfois même au creux de la nuit lorsqu’une notification s’invite dans l’obscurité. Pourtant, à force de faire glisser l’écran, de répondre compulsivement, de regarder fixement cette petite lumière dans la pénombre, notre corps encaisse. Sans bruit, sans drame apparent, mais avec des répercussions bien réelles.

C’est ce que rappelle l’Organisation mondiale de la santé, qui n’emploie pas de grands mots inutiles mais s’appuie sur des observations de terrain, des publications rigoureuses, et des signaux d’alerte qu’elle tente de rendre audibles. Elle évoque désormais clairement quatre pathologies observables, dont certaines prennent racine dans des gestes que nous répétons sans même y penser.

Parmi elles, il y a celle qui inquiète le plus, parce qu’elle touche à une peur bien ancrée : le cancer. Plus précisément, les tumeurs cérébrales possiblement liées à l’exposition prolongée aux ondes de radiofréquence. L’OMS ne parle pas d’un lien direct et irréfutable, mais évoque une probabilité suffisante pour appeler à la vigilance, en particulier chez les personnes qui passent plusieurs heures par jour collées à leur écran. Le chiffre souvent cité est celui des 10 % de cas supplémentaires observés dans les populations les plus exposées.

Viennent ensuite les douleurs physiques, plus familières, plus immédiates, et pourtant tout aussi sous-estimées. Le fameux « text neck », ce cou crispé par l’inclinaison permanente de la tête, est devenu une affection courante chez les jeunes adultes. Il provoque tensions, maux de tête, douleurs aux épaules, et à force, dérègle l’alignement du dos. Ce n’est plus une simple gêne passagère, mais une gêne chronique, qui peut évoluer vers des douleurs articulaires plus sérieuses.

La main n’est pas épargnée, à force de maintenir le téléphone dans la même position, de faire défiler les contenus d’un geste répétitif, certains finissent par souffrir du syndrome du canal carpien. Cette compression nerveuse au niveau du poignet perturbe la sensibilité et la motricité de la main. Elle touche de plus en plus de jeunes utilisateurs, notamment ceux qui tiennent leur téléphone à une seule main pendant de longues périodes. Des engourdissements, des picotements, parfois une perte de force, tout cela peut apparaître sans prévenir.

Et puis il y a les yeux, ce sont eux qui absorbent le plus de lumière bleue, surtout dans le noir, surtout quand l’écran est trop proche. L’exposition prolongée fatigue la rétine, assèche les muqueuses, trouble la vision. Parfois, c’est une simple gêne en fin de journée. Parfois, cela devient une photophobie permanente, une vision floue, ou des maux de tête persistants. L’œil, lui aussi, a ses limites.

Tout cela ne serait qu’un empilement de symptômes si le téléphone ne s’invitait pas aussi jusque dans le sommeil. Le réflexe de consulter ses messages avant de dormir, ou de garder l’appareil sous l’oreiller, perturbe la qualité du repos. La lumière émise par l’écran trompe le cerveau, le pousse à croire que le jour n’est pas terminé, et retarde la production de mélatonine. Résultat, un sommeil plus court, moins profond, et des réveils moins efficaces.

L’ensemble compose un tableau cohérent. Pas alarmiste, mais préoccupant. D’autant plus que l’addiction au smartphone reste difficile à nommer. Elle s’installe insidieusement, sans excès visible. Un petit geste répété, un glissement du pouce, une vibration fantôme, une impression de manque si le téléphone n’est pas là. L’OMS suggère quelques questions simples : est-ce que je regarde mon téléphone dès le réveil ? Est-ce que je ressens le besoin de répondre immédiatement aux messages ? Est-ce que je ressens de l’angoisse quand je ne l’ai pas sur moi ? Ces indices ne suffisent pas à poser un diagnostic, mais permettent de réfléchir à ses usages.

Il n’est pas question ici de diaboliser les technologies. Le smartphone a révolutionné notre façon de travailler, d’apprendre, de rester en lien. Mais son usage n’est pas neutre, et les corps, comme les cerveaux, ont besoin de pauses. Il suffit parfois d’ajuster la posture, d’utiliser une lumière ambiante, de ne pas consulter son écran dans le noir total, ou encore de poser physiquement l’appareil dans une autre pièce.

Prévenir ces troubles, c’est avant tout retrouver un peu de distance, redonner un rythme plus naturel à notre attention. Certains réapprennent à marcher sans avoir le regard rivé vers le bas, à manger sans faire défiler les fils d’actualité, à s’endormir sans lumière bleue. Ce sont de petits gestes, mais ils réparent.

Et peut-être qu’un jour, regarder son téléphone sera à nouveau un acte volontaire, ponctuel, et non une réaction automatique. En attendant, les signaux sont là. Il suffit d’apprendre à les écouter.

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