CES 2015 : une France technologique à deux vitesses
Alors qu’une France technologique se prépare à faire le show à Las Vegas dans le cadre du salon CES 2015, une autre France technologique reste au pays à ressasser les avantages comparés de l’économie d’offre ou de la demande, sur l’opportunité d’un plan de relance de la demande.
Technologiquement parlant, cette année 2015 démarre sur les chapeaux de roue avec le CES 205 de Las Vegas qui ouvre ses portes cette semaine. Le plus grand salon professionnel de l’économie numérique au monde se veut bien évidemment une vitrine de l’innovation high-tech, des tendances actuelles.
Les évolutions technologiques sont tellement rapides qu’elles doivent se diffuser très rapidement dans le monde entier. Cela ne vient pas de Paris ou de n’importe quelle autre capitale européenne, tout part de San Francisco ou Las Vegas. Le monde technologique ne s’adapte pas aux exigences et innovations françaises, ce sont les sociétés françaises qui s’adaptent à la mondialisation.
C’est ce qu’a compris une France technologique, une France représentée par une bonne centaine d’entrepreneurs. Elle est arrivée à Las Vegas dans le but de représenter le savoir-faire de l’Hexagone.
La preuve que le plus grand salon professionnel de l’économie numérique au monde est pris au sérieux par les Français est que la représentation tricolore est tout simplement la deuxième plus représentée après celle des États-Unis.
Parmi les 3 500 exposants présents au CES 2015, la France technologique va donc présenter son savoir-faire en matière de jeux vidéo, trucages de cinéma, ou par le biais de services qui sont désormais mondialement connu, par exemple Deezer, Critério, BlaBlaCar, etc., des start-ups françaises qui sont de plus en plus reconnues à travers le monde.
La France technologique sera également représentée à cette occasion par les nouveaux venus dans le domaine, Renault qui travaille sur la voiture autonome, l’inventeur du bouton Darty qui permet d’alerter une centrale pour accéder très rapidement au dépannage de l’électroménager, ou encore des inventeurs de logiciels liés à la santé, des concepteurs de vêtements connectés, mais aussi des entreprises telles qu’EDF, La Poste et la RATP qui viennent chercher des idées à Las Vegas.
La preuve qu’il se passe quelque chose d’important pour la France à Las Vegas est qu’Emmanuel Macron, le ministre de l’Économie, visitera le salon en compagnie d’Axelle Lemaire, la secrétaire d’État chargée du numérique et de Pierre Gattaz, le président du MEDEF. Si ces personnalités font ce déplacement, c’est parce que c’est politiquement important de se montrer à cette occasion, mais surtout parce que les patrons ont signalé à Bercy qu’il se passait des choses importantes pour la France là-bas.
Si tout cela vise à démontrer que la France technologique est prise au sérieux aux États-Unis, que les start-ups françaises ont compris l’importance de se montrer à Las Vegas, qu’il est possible de valoriser la French Touch à l’international, il est par contre navrant de constater qu’une autre France technologique ne se sent pas du tout motivée par ce salon.
En effet, pendant que les start-ups font du lobbying outre Atlantique, les décideurs français restent confortablement installés à Paris. Les politiques et la majorité des économistes préfèrent en effet débattre sur les avantages comparés de l’économie d’offre ou de la demande, sur l’opportunité d’un plan de relance de la demande… au risque de rater un évènement d’envergure mondiale. Alors que le moteur de la croissance est logiquement l’innovation, les nouvelles tendances, les nouveaux marchés, c’est tout un pan de la France qui préfère se regarder le nombril et compter les chômeurs.
Cette attitude est d’autant plus hors sujet lorsqu’on se remémore que l’économie moderne a besoin d’entrepreneurs, d’idées, de talents et de travail. On oublie en effet trop facilement que l’inventeur du chemin de fer n’a jamais fait d’étude de marché avant de se lancer, tout comme l’inventeur de l’électricité, du téléphone ou de la pointe BIC. On peut aussi imaginer que si Gustave Eiffel avait attendu l’accord de l’État pour construire sa tour, celle-ci n’aurait toujours pas vu le jour.
Alors que Las Vegas et le CES est un passage obligé pour la France technologique, il est donc force de constater qu’elle est à deux vitesses, une France technologique qui se mobilise et une autre qui préfère ressasser dans son coin.