Deux ans et demi après le lancement de ChatGPT, la jeune pousse d’intelligence artificielle s’impose comme un poids lourd capable de générer 10 milliards de dollars de revenus récurrents chaque année. Ce cap franchi confirme qu’OpenAI n’est plus un simple laboratoire, mais bien un empire en gestation.
L’histoire débute à l’automne 2022, lorsque ChatGPT débarque sans bruit, gratuit et presque expérimental. Rapidement, le bouche-à-oreille fait son œuvre : l’outil séduit le grand public, puis son offre Plus déclenche une vague d’abonnements. Les premiers contrats B2B suivent, portés par des équipes avides d’automatiser la rédaction, le support ou le code. Les développeurs, de leur côté, s’emparent massivement de l’API GPT-4, pierre angulaire d’un écosystème en pleine expansion. Progressivement, la courbe des revenus mensuels s’élève, presque discrète au début, avant de grimper nettement et sans retour.
Un modèle hybride qui change d’échelle
Le succès d’OpenAI repose aujourd’hui sur trois piliers. D’abord, l’offre ChatGPT Plus, pensée pour le grand public, affiche un tarif d’entrée modeste et mise sur des améliorations régulières du modèle. Viennent ensuite les comptes entreprise : sécurité renforcée, intégrations SSO, volumes dédiés, autant d’arguments qui séduisent les directions juridiques et informatiques. Enfin, l’API, vendue à la requête, génère une rente croissante indexée sur le dynamisme numérique mondial. Un point mérite d’être souligné : cette estimation ne prend pas en compte les licences versées par Microsoft, signe que la maison mère avance désormais sur ses propres jambes.
Vers le hardware avec Jony Ive
L’acquisition de la start-up io, fondée par l’ancien designer d’Apple, offre à OpenAI une nouvelle trajectoire. Sam Altman parle d’une génération inédite d’ordinateurs pensés pour l’intelligence artificielle, tandis que Jony Ive confie avoir attendu ce moment toute sa carrière. Dans les bureaux de San Francisco, ingénieurs et créatifs planchent déjà sur un appareil destiné à réinventer notre rapport à la machine, loin du clavier et de l’écran omniprésent. L’enjeu, désormais, est clair : permettre à OpenAI de maîtriser l’ensemble de la chaîne, du modèle au produit que l’on tient en main.
Musk et la tentation du rachat
En février 2025, l’écosystème IA retient son souffle. Elon Musk, par l’intermédiaire de xAI, tente un rachat à hauteur de 97 400 millions de dollars. Sam Altman, fidèle à son style, réplique sur X par l’ironie et le conseil d’administration rejette l’offre à l’unanimité. Cette parenthèse souligne la nouvelle dimension stratégique de l’intelligence artificielle générative. Si la technologie façonne déjà l’économie, la question de son contrôle n’a jamais été aussi sensible.
Un cap, des ambitions : 2029 dans le viseur
L’objectif affiché est clair : 125 milliards de dollars de revenus annuels d’ici quatre ans. Pour y parvenir, la direction table sur la montée en puissance des offres professionnelles, l’intégration de l’IA dans la bureautique et, peut-être, l’essor d’un futur appareil signé Ive. Certains y voient un pari démesuré, d’autres une feuille de route méthodique ; une certitude s’impose, OpenAI ambitionne de redéfinir la chaîne de valeur, du cloud jusqu’à l’objet connecté.
Franchir le cap des 10 milliards n’est qu’une étape. Si l’entreprise confirme son avance technologique et réussit sa mue matérielle, elle pourrait bien imposer son empreinte comme Apple l’avait fait avec l’iPhone. À présent, la question ne porte plus sur la monétisation de l’IA, mais sur la vitesse à laquelle tout le secteur devra se transformer pour ne pas rester à quai.