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États-Unis visent deux fournisseurs du fabricant de puces SMIC

Les autorités américaines ajoutent trente-deux entités à leur liste noire du commerce, renforçant les restrictions sur l’accès chinois aux technologies critiques.

Les États-Unis ajoutent trente-deux entités à la liste noire du commerce, dont vingt-trois basées en Chine, et visent deux sociétés accusées d’avoir acquis des équipements américains pour smic. L’annonce du 12 septembre 2025 resserre l’étau sur les circuits d’approvisionnement des semi-conducteurs et étend les contrôles à d’autres pays.

L’essentiel

  • Deux sociétés chinoises visées pour achats d’outils au profit de smic.
  • Trente-deux ajouts, dont vingt-trois en Chine, d’autres pays également concernés.
  • Licences requises, présomption de refus pour la plupart des envois sensibles.
  • Première occurrence, Semiconductor Manufacturing International Corporation (SMIC) visée indirectement.

L’administration américaine publie une mise à jour de l’« Entity List » qui vise des canaux d’acquisition d’équipements et des acteurs liés au calcul avancé. L’objectif affiché consiste à limiter l’accès de la Chine aux outils et technologies nécessaires à la fabrication de puces, tout en couvrant des routes de transbordement via des partenaires commerciaux hors de Chine.

Ce qui change pour les exportations

Washington impose désormais une licence pour toute exportation, réexportation ou transfert d’articles soumis aux règles américaines vers les nouvelles entités listées, avec une présomption de refus dans la plupart des cas. La mesure cible notamment GMC Semiconductor Technology Wuxi et Jicun Semiconductor Technology, accusées d’avoir obtenu des équipements de fabrication au bénéfice de filiales de Semiconductor Manufacturing International Corporation, ce qui renforce l’encadrement des flux d’outillage critique et des services associés. Le détail figure dans la règle finale, accessible via la règle finale publiée au registre fédéral, qui précise la politique d’examen des licences et la liste complète, puis la phrase se poursuit avec les exceptions habituelles liées à la sécurité nationale.

Au-delà des deux sociétés impliquées dans des approvisionnements pour SMIC, la décision élargit le spectre des contrôles à d’autres acteurs impliqués dans le calcul haute performance et les circuits intégrés avancés. Elle inclut des entités en Chine, mais aussi en Inde, en Iran, en Turquie et aux Émirats arabes unis, ce qui étend la vigilance américaine aux hubs logistiques et aux intermédiaires du détournement d’articles d’origine américaine. Les entreprises concernées se retrouvent exposées à des ruptures de service auprès des fournisseurs américains et étrangers, surtout lorsqu’ils utilisent des composants, des logiciels ou des outils régis par l’Export Administration Regulations, élément qui alourdit les délais et les coûts de conformité.

Contexte et précédents

SMIC et plusieurs de ses filiales figurent déjà sur l’Entity List depuis 2020, ce qui soumet l’envoi d’outils américains à des licences rarement accordées. Cette première vague a marqué un tournant dans la politique d’endiguement technologique, avec un ciblage des capacités de gravure, des logiciels spécialisés et du support technique. La nouvelle mise à jour ne crée donc pas un régime inédit, elle comble des interstices en visant des entreprises considérées comme vecteurs d’acquisition indirecte d’équipements, ce qui rappelle que le contrôle s’applique aussi à certains biens fabriqués hors des États-Unis lorsqu’ils intègrent des technologies couvertes. Pour mémoire, la première inscription de smic en 2020 constituait déjà un jalon majeur, puis l’énoncé se prolonge avec les précisions apportées depuis sur les catégories d’articles sensibles.

Le Bureau of Industry and Security affine par ailleurs ses définitions du « calcul avancé » et des « superordinateurs » afin de couvrir des architectures de plus en plus modulaires. Cette évolution doctrinale vise à éviter les contournements par le fractionnement d’articles et par l’utilisation de services à distance. Dans ce cadre, l’actualisation du 12 septembre s’inscrit dans une séquence de règles successives, publiées à intervalles réguliers, qui privilégient des ajustements ciblés plutôt qu’un bannissement indifférencié des échanges technologiques. Les entreprises opérant sur des marchés frontaliers comme la métrologie et la maintenance doivent donc intégrer cette trajectoire réglementaire dans leurs plans.

Chiffres et repères

La règle annonce trente-deux ajouts à l’Entity List, dont vingt-trois en Chine, ainsi qu’une poignée d’entités en Inde, en Iran, en Turquie et aux Émirats arabes unis. Cette granularité géographique signale une volonté de contrer des schémas de transbordement et de réexportation via des partenaires commerciaux ou des places de transit. Les sociétés directement visées pour l’acquisition d’outils au bénéfice de SMIC s’ajoutent à un ensemble plus large d’acteurs accusés de contribuer à la modernisation militaire chinoise, ce qui accroît la portée des contrôles sur le terrain.

La communication officielle s’accompagne d’éléments repris dans la presse économique, qui indiquent l’ampleur de la mise à jour et la cartographie des entités concernées. Le lot d’ajouts est présenté dans une annonce rapportée par Reuters, puis l’analyse poursuit sur la présence d’acteurs hors de Chine et sur les conséquences pour les chaînes d’approvisionnement en Asie. À court terme, l’impact le plus direct se lit sur les machines de lithographie, de dépôt et de métrologie, ainsi que sur les logiciels et mises à jour nécessaires à l’exploitation de ces équipements, qui requièrent souvent des licences spécifiques.

Retombées concrètes pour l’écosystème

Pour les fournisseurs internationaux, le premier effet se situe dans la vérification renforcée des destinataires et des utilisateurs finaux. Les distributeurs d’outils, de pièces et de logiciels soumis aux règles américaines doivent revoir leurs procédures de due diligence, réévaluer les clients et intégrer la nouvelle liste dans les filtrages automatisés. Les partenaires financiers et les assureurs crédit demandent déjà des attestations plus précises, ce qui peut allonger les cycles de vente et de support. Les entreprises listées, de leur côté, font face à des retards de maintenance et à une indisponibilité probable des mises à jour logicielles, ce qui menace le rendement d’équipements installés depuis plusieurs années.

Pour les fabricants asiatiques non listés qui exportent vers la Chine, l’enjeu devient la maîtrise de l’effet de débordement des règles américaines. La désignation étendue de certaines entités peut déclencher des contrôles extraterritoriaux sur des articles fabriqués hors des États-Unis mais intégrant des technologies couvertes, ce qui exige un audit matière par matière et logiciel par logiciel. Des secteurs adjacents comme la distribution de composants, la logistique et les services techniques doivent intégrer ces contraintes dans leurs contrats et leurs clauses de livraison. Les entreprises qui anticipent ces exigences réduisent les frictions opérationnelles et évitent des erreurs de documentation, priorité pour les directions juridiques et les équipes export.

Que surveiller ensuite

Les prochains jours permettent de mesurer les réactions officielles et corporates, notamment d’éventuelles demandes de suppression ou de modification d’entrées sur la liste, procédure parfois enclenchée par les entreprises touchées. Les investisseurs suivent aussi l’effet boursier sur les sociétés nommées et sur les fournisseurs occidentaux d’outils de fabrication, sensibles à tout signal de contraction de la demande en Chine. Il faudra observer si des autorités partenaires adoptent des mesures convergentes, comme des listes nationales de contrôle ou des lignes directrices aux exportateurs, signe d’un mouvement coordonné pour limiter le contournement.

Sur le plan réglementaire, des règles complémentaires ou correctives peuvent intervenir, soit pour préciser la portée de certaines définitions du calcul avancé, soit pour ajouter ou retirer des entités à la marge. Le suivi attentif des publications et des tableaux de licences devient stratégique pour identifier les évolutions de politique, par exemple un durcissement sur les logiciels d’ingénierie ou sur les services de maintenance, deux vecteurs sensibles de transfert de capacité. Les entreprises exposées gagnent à instaurer une veille structurée des avis officiels, en s’appuyant sur la règle finale publiée au registre fédéral, puis la phrase continue avec les dispositifs internes de conformité et les formations des équipes.

Emilie DUBOIS

Emilie Dubois — Rédactrice en chef de Linformatique.org, elle décrypte les innovations technologiques et anticipe les tendances pour les rendre claires et accessibles.

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