L’idée d’un million de robots humanoïdes produits d’ici 2030 n’est plus une hypothèse. Nvidia et OpenAI annoncent un calendrier clair, et cette annonce pourrait bouleverser le monde industriel bien plus vite que prévu.
À Paris, puis en ligne, deux des figures les plus influentes de la tech mondiale ont martelé le même message : la vague robotique est déjà en marche. Jensen Huang (Nvidia) et Sam Altman (OpenAI) n’ont pas simplement spéculé sur l’avenir — ils ont daté son déclenchement. D’ici 2027, affirment-ils, les robots humanoïdes pourraient commencer à accomplir des tâches concrètes dans notre quotidien, avec la possibilité vertigineuse qu’ils deviennent eux-mêmes reproductibles. L’affirmation n’est pas lancée en l’air : elle s’appuie sur des avancées techniques réelles, documentées et visibles.
Une technologie qui n’attend plus que son moment
Le point de bascule n’est pas technologique, selon Jensen Huang, mais économique et logistique. « Nous savons déjà comment les construire, les entraîner et les faire fonctionner », a-t-il déclaré, évoquant la maturité de l’écosystème IA et la convergence entre modélisation physique, données de simulation et matériel embarqué. En mars dernier, lors de la GTC de Nvidia, plusieurs prototypes articulés capables de sauter, saisir ou manipuler ont été présentés. Ce qu’il leur manque encore, résume Barron’s, « c’est un cerveau plus intelligent ». Et ce cerveau, OpenAI se dit en passe de le fournir.
L’autre pièce du puzzle, selon Sam Altman, réside dans l’échelle. Une fois le premier million de robots produit, leur capacité d’auto-réplication — ou du moins de reproduction industrielle en boucle fermée — deviendra économiquement viable. Le parallèle avec les centres de données capables de créer d’autres centres de données n’est pas anodin. Il révèle une vision systémique, voire autoréplicative, de l’infrastructure du futur.
Un timing qui interpelle, une adoption sous-estimée
Ce qui rend cette projection particulièrement troublante, c’est la proximité de l’échéance. Trois ans, dans le cycle industriel, c’est demain. Pourtant, selon Barron’s, Wall Street continue de sous-évaluer la vitesse du phénomène. À l’horizon 2030–2032, le cabinet Bernstein évoque déjà plus d’un million d’unités par an, principalement dans la logistique, l’automatisation d’usines et les services de livraison.
Ce scepticisme ambiant tient peut-être à l’absence actuelle de déploiement massif, notamment en Europe. Là où les États-Unis et la Chine expérimentent déjà des robotaxis dans plusieurs villes, le Vieux Continent peine à clarifier son cadre réglementaire. Une lenteur que le Royaume-Uni tente de briser : la récente adoption de la loi sur les véhicules autonomes pourrait bien préfigurer des réglementations similaires pour les robots humanoïdes.
Au croisement des crises industrielles et des ambitions IA
L’enthousiasme de Nvidia et d’OpenAI ne repose pas uniquement sur une foi technologique. Il reflète une pression économique croissante. Pénurie de main-d’œuvre qualifiée, besoin d’automatisation accrue, quête de productivité dans des environnements dangereux ou épuisants : les arguments en faveur d’une robotisation avancée se multiplient.
Mais derrière l’excitation, une inquiétude affleure : sommes-nous réellement prêts pour ce basculement ? La promesse de robots capables de manipuler, livrer, assembler — voire se reproduire — appelle une réflexion éthique, sociale et politique urgente. Car la prochaine disruption ne viendra peut-être pas d’un algorithme, mais d’un corps métallique aux gestes presque humains.