Charger son smartphone toute la nuit, jusqu’à saturation ? Un geste banal, pourtant lourd de conséquences. Derrière cette routine quotidienne se cache une usure silencieuse des batteries, que fabricants et spécialistes tentent aujourd’hui de ralentir.
Les batteries lithium-ion, qui équipent la quasi-totalité des téléphones actuels, n’aiment pas les extrêmes. Ni trop pleines, ni trop vides. Les maintenir durablement à 100 % fragilise leur structure chimique, tout comme les laisser descendre en dessous de 20 %. Ce n’est pas une rumeur de forums technophiles, mais une règle désormais actée dans les recommandations de marques comme Apple, Google ou Sony. Certaines ont même introduit des systèmes de « charge optimisée » : une batterie freinée à 80 % en attendant votre réveil, pour ne pas passer des heures sous tension maximale.
À l’inverse, continuer à brancher son téléphone systématiquement chaque soir, même à moitié vide, revient à grignoter sa durée de vie. Une habitude héritée d’anciens modèles à mémoire de charge, totalement obsolète aujourd’hui. Les experts recommandent plutôt de procéder par cycles partiels, de 40 à 80 % par exemple, en s’appuyant sur les fonctions intégrées ou des rappels personnalisés. « Une batterie bien traitée peut conserver jusqu’à 80 % de sa capacité après 1 000 cycles », rappelle Philippe Lemaire, consultant en ingénierie mobile. Encore faut-il lui laisser ce temps.
L’idée n’est pas de transformer chaque recharge en équation millimétrée, mais d’adopter quelques réflexes simples : débrancher après 80 à 90 %, éviter les hausses de température, ne pas charger en continu dans une housse épaisse. À l’ère des téléphones à plus de 1 000 euros, il s’agit moins d’un caprice technique que d’un bon sens économique.
Charger intelligemment, c’est prolonger un peu la vie de son appareil, sans bouleverser la sienne. Et peut-être, aussi, ralentir ce cycle d’obsolescence qui finit toujours par nous rattraper.