Quand l’intelligence artificielle bat au rythme d’un cœur d’enfant

Henri Leroy
Rédigé par Henri Leroy
Un adolescent en costume bleu tape sur un clavier d’ordinateur, entouré de kits STEM et de composants électroniques, dans un bureau lumineux.
Siddharth Nandyala, 14 ans, développeur de l’application CircadiaV, dans son espace de travail dédié à l’innovation en santé.

Le geste est quotidien, presque banal. Poser son smartphone contre sa poitrine, attendre sept secondes, et découvrir un diagnostic que seuls les hôpitaux pouvaient autrefois offrir. Loin de la Silicon Valley, c’est dans une ville d’Andhra Pradesh qu’un adolescent a conçu ce raccourci technologique.

À 14 ans, Siddharth Nandyala n’a pas lancé une start-up, il a bâti un pont. Entre le deuil de son grand-père — emporté par une maladie cardiaque passée inaperçue — et la promesse d’une médecine plus accessible, son application CircadiaV est née. Utilisant le simple micro des téléphones portables, l’outil capte les sons du cœur et détecte souffles ou arythmies avec une précision clinique. Ce que l’on croyait réservé aux stéthoscopes connectés ou à l’imagerie hospitalière devient, ici, une affaire de poche.

Le procédé intrigue par sa simplicité : aucun capteur supplémentaire, aucune montre, aucun bracelet. L’algorithme, entraîné sur des milliers d’examens, s’appuie sur des données issues d’Inde et des États-Unis. Une précision de plus de 96 % est annoncée, testée auprès de plus de 15000 patients. Si l’on s’étonne, c’est moins de la prouesse technique que de l’économie de moyens.

Les autorités locales n’ont pas tardé à saluer l’initiative, tout comme certaines institutions américaines. Mais c’est ailleurs que se niche l’essentiel : dans la possibilité, pour des familles isolées ou sous-dotées médicalement, d’accéder à un premier signal d’alerte. Car si CircadiaV ne remplace pas un cardiologue, elle permet d’alerter, de prévenir, d’orienter.

En creux, la création de Siddharth soulève aussi des questions. Où passent les données de santé ? Qui en détient l’usage ? Quelle régulation pour ces applications d’un nouveau genre, à la frontière du médical et du personnel ? Pour l’heure, la réponse tient dans l’élan d’un adolescent, guidé par l’urgence de réparer.

Et peut-être, par la certitude discrète qu’un battement de cœur, bien écouté, peut changer un destin.

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