À l’approche de l’échéance européenne du 28 juin 2025, De Marque parie sur Cantook Access pour automatiser la description des images dans les EPUB et rapprocher l’édition numérique d’un standard inclusif.
La date butoir fixée par le European Accessibility Act se lit désormais comme un compte à rebours pour tous les professionnels du livre numérique. Passé le 28 juin 2025, chaque ebook mis sur le marché européen devra être pleinement navigable avec un lecteur d’écran, images comprises ; le texte alternatif cessera d’être un détail facultatif pour devenir un prérequis légal. Décrire chaque illustration d’un manuel ou d’un roman graphique représente pourtant des heures de saisie minutieuse, souvent reléguées en fin de chaîne faute d’outils adaptés. C’est ce goulet d’étranglement que De Marque veut éliminer avec Cantook Access, présenté comme le chaînon manquant entre exigence réglementaire et réalité de production.
La société québécoise n’arrive pas en terrain vierge. Sa plateforme Cantook soutient déjà des milliers de catalogues francophones. Cantook Access pousse la spécialisation un cran plus loin ; au lieu de manipuler du code, l’utilisateur parcourt ses images dans une interface sobre, puis valide ou ajuste des descriptions proposées par une intelligence artificielle entraînée pour cet usage. Le moteur rédige en cinq langues et, détail crucial, ne conserve aucune donnée sitôt la session close, une garantie qui rassure les éditeurs jaloux de la confidentialité de leurs contenus.
L’enjeu dépasse la simple commodité. Jusqu’ici, l’accessibilité restait souvent un chantier périphérique, traité quand le fichier EPUB était presque finalisé, voire repoussé à plus tard. En rendant la tâche plus fluide, De Marque espère replacer la question au cœur du flux éditorial, au même niveau que la correction ou la mise en page. Marc Boutet, président de l’entreprise, insiste sur ce point : l’outil assiste les équipes, il ne les remplace pas. La nuance compte, car l’écriture d’une bonne description visuelle relève autant de la sensibilité éditoriale que de l’efficacité technique.
Les lecteurs qui souhaitent creuser la question peuvent consulter cette analyse détaillée de Cantook Access publiée par École branchée, laquelle revient pas à pas sur le fonctionnement de l’outil et ses implications pour l’accessibilité numérique.
Le contexte réglementaire joue en faveur de cette approche pragmatique. L’Europe impose un socle commun de bonnes pratiques et recommande le format EPUB, déjà aligné sur les critères techniques de l’acte selon un récent mapping publié par le W3C. Si la structure du fichier répond aux normes, le contenu visuel reste la zone la plus laborieuse ; Cantook Access entend y apporter une réponse immédiatement opérationnelle, sans abonnement lourd ni compétence pointue.
Pour prendre la mesure du problème, il suffit de calculer le temps consacré à un seul ouvrage richement illustré : plusieurs dizaines d’heures pour décrire chaque schéma ou photographie, un coût qui grimpe vite dans des conjonctures budgétaires tendues. En accélérant la saisie tout en laissant la main à l’humain, De Marque promet un gain de productivité sans recul qualitatif, argument décisif à quelques mois d’une échéance assortie de sanctions financières pour les contrevenants.
Reste à convaincre les équipes de production, souvent prudentes devant les promesses d’automatisation. Les premiers pilotes diront si la prise en main est réellement immédiate, si les suggestions d’IA tiennent la route, et si l’export final s’intègre sans accroc dans les chaînes d’assemblage existantes. Cantook Access revendique une courbe d’apprentissage quasi nulle ; si cette promesse se confirme, l’outil pourrait s’imposer comme un complément naturel des logiciels d’édition.
L’impact dépasse le seul continent européen. Un éditeur canadien, américain ou africain vendant sur Kobo ou Apple Books devra, lui aussi, livrer des fichiers conformes au texte européen dès qu’il visera le marché de l’Union. En se positionnant dès maintenant avec un service multiterritoires, De Marque anticipe une convergence normative inéluctable et se place dans une situation stratégique auprès de groupes éditoriaux confrontés à une même contrainte sur plusieurs zones géographiques.
Le succès, toutefois, dépendra d’un facteur moins tangible : la culture interne des maisons d’édition. Tant que l’accessibilité sera vécue comme une charge supplémentaire, même l’assistant le plus performant aura du mal à s’imposer. Si, au contraire, elle devient un critère de qualité au même titre que l’orthographe, l’investissement semblera naturel, d’autant que Cantook Access se présente sans surcoût d’abonnement.
À trois mois de la date butoir, le secteur n’a plus vraiment le luxe d’attendre la solution idéale. Les outils qui réduisent la friction entre obligation juridique et pratique quotidienne devraient s’installer par simple gravité économique. Cantook Access, en faisant de la description d’image un geste presque banal, propose une rampe de lancement crédible vers un numérique plus inclusif. Si le pari est tenu, le livre électronique pourrait enfin tenir sa promesse d’universalité, sans que lecteurs ni éditeurs ne soient contraints de ralentir leur élan créatif.