Tempête solaire 2025 : des coupures de communication sur cinq continents

Isabelle Rousseau
Rédigé par Isabelle Rousseau
Image d'une éruption solaire intense capturée par la NASA le 13 mai 2025, montrant un puissant flash sur le bord droit du Soleil.
Le Solar Dynamics Observatory de la NASA a immortalisé cette éruption solaire, visible à l’extrémité droite du disque solaire, le 13 mai 2025.

Mi-mai 2025, plusieurs éruptions solaires d’une intensité inhabituelle ont frappé la Terre, provoquant des perturbations radio sur plusieurs continents et révélant, une fois encore, la fragilité de nos infrastructures face à l’activité solaire.

Le 14 mai au petit matin, le Soleil a libéré une éruption de classe X2.7, projetant une immense quantité de particules et de rayonnement vers la Terre. Ce sursaut d’activité, considéré comme le plus intense depuis le début de l’année, a rapidement affecté la qualité des transmissions radio, notamment sur les ondes courtes. Les coupures ont touché plusieurs zones réparties sur cinq continents, des États-Unis jusqu’à l’Asie du Sud-Est. Les perturbations ont concerné au moins cinq continents, comme l’ont rapporté les premières analyses relayées par NBC News, au lendemain de l’événement.

Le Soleil entre dans une phase connue sous le nom de « maximum solaire », point culminant de son cycle d’activité d’environ onze ans. Durant cette période, les éruptions sont plus fréquentes, plus puissantes, et parfois imprévisibles. Deux jours à peine avant l’éruption principale, le Solar Dynamics Observatory de la NASA capturait déjà une éruption X1.2, annonçant l’intensification de la séquence en cours.

Les éruptions solaires de classe X sont les plus violentes que l’on puisse observer. Elles propulsent dans l’espace une énergie considérable, qui atteint la Terre à la vitesse de la lumière. Les systèmes de communication en sont les premières victimes. GPS, liaisons radio, satellites de télécommunication : tout ce qui dépend de l’ionosphère peut être impacté, parfois en quelques minutes seulement.

Si notre atmosphère protège efficacement les êtres vivants à la surface, les technologies orbitales restent vulnérables. Lorsqu’une éruption est accompagnée d’une éjection de masse coronale, le risque s’étend aux réseaux électriques terrestres, susceptibles d’encaisser des surcharges. Dans le cas présent, les agences de surveillance n’ont recensé aucun dommage critique, mais la vigilance reste de mise.

C’est notamment le Space Weather Prediction Center du NOAA qui a enregistré le pic d’intensité de l’éruption X2.7, au moment précis où le Soleil faisait face à la Terre. D’après le météorologue Shawn Dahl, l’impact s’est fait sentir pendant près de dix minutes sur la région du Moyen-Orient, où les transmissions ont brièvement été perturbées.

Le cycle solaire actuel, entamé en 2023, devrait atteindre son sommet en 2025 ou 2026. Cela signifie que d’autres épisodes de ce type sont à prévoir, potentiellement plus intenses. Nos sociétés hyperconnectées devront s’y adapter, car l’espace, tout comme le climat terrestre, a ses propres colères.

En parallèle, ces tempêtes sont aussi à l’origine de phénomènes magnifiques. Les aurores boréales ont été observées ces derniers jours bien plus au sud que d’ordinaire, fruit de l’interaction entre les particules solaires et le champ magnétique terrestre. Une beauté saisissante, issue d’une mécanique céleste parfois brutale.

Mais derrière cette beauté se cache une réalité plus préoccupante. L’événement de Carrington en 1859, encore aujourd’hui la plus grande tempête solaire jamais documentée, est devenu une référence pour les scientifiques. À l’époque, les lignes télégraphiques prenaient feu. Transposez cela au XXIe siècle, et les conséquences seraient d’une tout autre ampleur.

À mesure que ces phénomènes gagnent en fréquence, les acteurs du secteur spatial s’efforcent d’améliorer leur capacité d’anticipation. Certaines compagnies aériennes modifient déjà leurs trajectoires pour éviter les zones les plus exposées, tandis que les opérateurs satellites revoient leurs dispositifs de protection. Mais malgré les outils, malgré les modèles, une part d’incertitude demeure. Le Soleil échappe encore à nos prévisions, et ses sursauts nous rappellent à quel point notre monde repose sur un équilibre fragile.

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