Une sélection de jeux vidéo sur PlayStation Plus

Camille Dupont
Rédigé par Camille Dupont
Logo PlayStation Plus avec personnages de jeux vidéo emblématiques comme Ellie, Kratos et Ratchet, illustrant le top 10 du mois.
Chaque mois, Sony met en avant une sélection de jeux sur PlayStation Plus. Ici, trois figures phares de l’univers PlayStation illustrent les titres plébiscités en mai.

Chaque mois, PlayStation Plus renouvelle sa sélection de jeux « incontournables ». Une routine éditoriale anodine ? Pas si sûr. Derrière ces choix apparemment neutres, un miroir de nos habitudes culturelles, et des usages de plus en plus standardisés.

Ce n’est pas un événement. C’est un flux. Tous les mois, les abonnés PlayStation Plus découvrent les titres « offerts » dans leur abonnement. Pas de suspense : une annonce, quelques visuels, une pincée de nostalgie. Et déjà, les forums commentent. On applaudit ou on grogne. On télécharge ou on laisse passer. On joue, parfois.

Mais derrière ces mises à jour mensuelles se cache une logique moins anodine qu’il n’y paraît. Comme Netflix avec ses séries ou Spotify avec ses playlists, Sony façonne un paysage de jeux éphémères, conditionnés par une rotation régulière. L’illusion du choix, toujours renouvelée. Et cette question qui revient : est-ce encore nous qui décidons à quoi nous jouons ?

Un catalogue, ce n’est jamais neutre. Il reflète une hiérarchie, des arbitrages, une vision du loisir — souvent plus commerciale que culturelle. En mai 2025, la sélection mise en avant par PlayStation Plus comprend dix titres phares :

  1. Uncharted: Legacy of Thieves Collection, l’aventure iconique revue pour la PS5
  2. The Last of Us Part I, une relecture poignante d’un classique post-apocalyptique
  3. Dragon Ball Z: Kakarot, entre baston nostalgique et RPG narratif
  4. Marvel’s Spider-Man: Miles Morales, incarnation acrobatique d’un New York sous tension
  5. Detroit: Become Human, fable futuriste sur l’intelligence artificielle et le libre arbitre
  6. Far Cry 6, révolution tropicale et mécanique huilée d’open world
  7. Demon’s Souls, l’épreuve brute du remake qui fait mal — mais bien
  8. God of War, relation père-fils sur fond de mythologie nordique
  9. Kingdom Hearts III, fable confuse et lumineuse entre Final Fantasy et Disney
  10. Death Stranding: Director’s Cut, marche méditative dans un monde fracturé

Dix jeux aux identités marquées, réunis pourtant sous une même bannière : celle de l’accessibilité. Jouer à tout, mais jouer vite. Goûter, zapper, oublier.

L’expérience vidéoludique devient celle d’un buffet mondialisé, où le joueur navigue entre curiosité et fatigue. Il y a quelque chose de l’ancien vidéoclub dans ce système : un lieu où les goûts se forment moins qu’ils ne se plient à l’offre. Et quelque chose aussi du musée temporaire, où les œuvres n’ont qu’un mois pour exister avant de disparaître.

Peut-on encore parler de « bibliothèque de jeux » quand tout est provisoire ? Peut-être faut-il au contraire y lire le signe d’une époque qui valorise l’usage sur la possession, l’instantané sur la durée. Ce que PlayStation Plus raconte, en creux, c’est une autre manière d’entrer dans la culture : plus fluide, plus passive, plus normée aussi.

Le jeu n’est plus un refuge personnel, mais un terrain balisé par d’autres. Une sélection qui n’est pas la nôtre, mais à laquelle on s’habitue. Comme si, peu à peu, on apprenait à aimer ce qu’on nous donne.

Aucun commentaire