Sous son allure rétro, le Nothing Phone 3 promet une expérience qui bouscule les codes sans renoncer à quelques concessions techniques. Un pari à la fois joueur et calculé.
L’arrière du Nothing Phone 3 s’illumine d’un simple jeu de points. Rien à voir avec une fête de diodes clinquantes, ici tout passe par un petit écran à matrice qui s’anime discrètement au gré des notifications et humeurs de l’utilisateur. L’effet intrigue, amuse, déroute parfois, mais pose d’entrée une question simple, gadget ou nouvelle manière de vivre son téléphone ?
Un design rétro qui fait mouche
D’un geste, on presse le bouton dissimulé sous la coque transparente et le Glyph Matrix s’éveille. Derrière ces 489 minuscules LED, Nothing joue la carte d’une nostalgie pixelisée, quelque part entre l’écran Gameboy et le tamagotchi ressuscité. L’idée séduit, tant l’objet renvoie à une époque où la technologie avait quelque chose de ludique et tangible. Reste à savoir si cet affichage a un rôle au quotidien, au-delà du simple clin d’œil esthétique.
Le fabricant a promis une personnalisation poussée. Icônes monochromes, notifications à motifs, mini-jeux anecdotiques. Les usages restent limités, mais le geste compte. Derrière cette fantaisie, c’est tout le storytelling de la marque qui s’affirme, donner une signature visuelle à chaque appel, chaque message, chaque interaction furtive.
La fiche technique tient-elle la route ?
L’emballage est soigné, mais que cache vraiment cette coque transparente ? Sous l’écran de 6,67 pouces, Nothing a logé une puce Snapdragon 8s Gen 4. Suffisant pour assurer un usage fluide, sans rivaliser pour autant avec le haut du panier Android. Là où un Pixel 9 ou un Galaxy S25 assume un Snapdragon 8 Elite plus musclé, le Phone 3 joue la carte de l’équilibre entre performance et autonomie.
Côté optique, la promesse impressionne sur le papier. Trois capteurs de 50 mégapixels, dont un périscope pour zoomer sans trop de perte et un module ultra-grand-angle pour capter large sans distorsion. En main, l’ergonomie est là, le déclenchement rapide, la prise de vue plus réactive qu’auparavant. Le bloc photo reste discret, effaçant les verrues protubérantes vues chez certains concurrents.
Quant à l’écran, la marque mise sur une dalle plus lumineuse que jamais, poussant jusqu’à 4 500 nits en HDR. De quoi assurer lisibilité et contraste même en extérieur, un point fort qui compense la définition inférieure à certains ténors.
Autonomie et usage quotidien, promesse tenue ?
Sur ce terrain, Nothing avance une batterie lithium-silicium de 5 150 mAh. Traduction concrète, la moitié de la charge est récupérable en vingt minutes grâce à un chargeur 65 W compatible. Les chiffres sont prometteurs, tout comme la gestion logicielle censée lisser la consommation grâce à une interface épurée. C’est un choix déjà éprouvé sur d’autres modèles comme le OnePlus 13 Pro, qui partage la même puce et un profil d’endurance optimisé.
Au quotidien, la différence se joue sur les petits détails, charge inversée, recharge sans fil, absence d’échauffement notable lors des usages gourmands. Le gain réel reste à valider sur plusieurs cycles, mais les premiers retours confirment une autonomie confortable pour une journée dense.
Effet de mode ou vision durable ?
Ce Nothing Phone 3 a tout du statement, design soigné, clin d’œil rétro et fiche technique équilibrée. Pourtant, la vraie question reste celle de la trajectoire. L’effet de surprise suffit-il à inscrire Nothing comme une alternative solide face à Google ou Samsung, ou l’entreprise joue-t-elle encore une carte de niche ?
Du côté logiciel, la marque continue de peaufiner son environnement avec Essential Space et Smart Collections. Des fonctionnalités encore jeunes, parfois inabouties, qui rappellent que Nothing parie sur l’identité autant que sur la maturité technique. Le tarif, lui, grimpe à 799 dollars, voire plus pour les versions boostées. À ce prix, l’acheteur paie une expérience, pas seulement une fiche de specs.
Dans un marché saturé, le Phone 3 séduit les curieux, amuse les passionnés et intrigue les suiveurs de tendances. Reste à savoir s’il continuera d’allumer ses petits points lumineux dans quelques années, ou si cette matrice s’éteindra, avalée par un segment premium trop balisé.
Tout se joue peut-être là, dans ce point lumineux qui clignote au creux de la paume, un détail qui dit beaucoup sur la place que Nothing entend occuper.